lundi 5 octobre 2009

Anima. (cuidam)

"Réveil matin, 15h, j'me réveille comme une fleur,
Marguerite dans l'macadam a besoin d'un doliprane.
Réveil mat'in..."
6 heures. Elle se laisse hypnotiser par les chiffres lumineux de la boîte électronique. La musique qui s'en échappe lui prouve encore à quel point le monde tourne en rond. Trop entendue, celle-là. Les machines rappellent malgré tout, toujours, à quel point les journées sont monotones.
Ses yeux aspirent littéralement le "1" qui vient d'apparaître à la place du "0". Il a suffit d'une minute pour crever la rondeur ronflante : la boucle a laché, le noeud s'est défait. Sensible métamorphose, cette minute discrètement écoulée. Qu'elle avale. Peut-être pour savourer encore chaque seconde qui s'en échappe. Les chiffres flamboyants jaillissent et ruissellent dans l'obscurité de la chambre. Tout est las, mais de cette lassitude chaleureuse qu'on ressent toujours lorsqu'on doit se lever. Quitter son état de liberté animale. De songes éclaboussés. De pensées tressaillantes. Pour leur préférer malgré nous, toujours, la lourde lenteur de nos membres engourdis, de notre tête embrumée, de nos voix tremblantes. La paresse. Oui mais ô la vive paresse ! Que vive la paresse !
Pourtant il a fallu se lever. Il a fallu dire bonjour à la vie (celle qu'on crée), en regrettant la vie (celle que l'on s'est crée). Elle s'est habillée, trop bête pour se laver. Elle n'a pas mangé, trop bête pour apprendre à se dépécher. Elle est sortie de chez elle, ses jambes l'ont dirigée vers un lieu qu'elle ne choisit pas, réunie parmi tant d'autres pairs de jambes. Trop bête pour choisir.
Comme d'habitude. Planquée dans son écharpe. Enfouie sous son bonnet. Cachée derrière ses lunettes. Emmitouflée dans ses mitaines, affrontant, affrontant ! comme d'habitude depuis trois semaines, depuis plusieurs années, le même froid qui traverse la même station creusée sous la même place. Tant d'heures de voyage a-t-elle fait pour n'arriver nul part ! C'est le quotidien. L'habitude ronflante. Cette habitude en cocon, ronde, qui se forme, petit à petit, grassouillette, autour de nous. Rebondant, rassurant, sécurisant, fermé.
"Cric crac dans ma baraque, bonsoir !"

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